In the face of environmental upheavals and the absolute urgency of interacting differently with living things, awareness has grown and many responses have emerged in the past decades – both on an individual and collective level in the form of ecological activism, eco-citizenship, eco-psychology, or eco-feminism. In recent years, in France, the media have been alerting us to a new phenomenon: eco-anxiety, defined as a feeling of distress, anxiety or even depression linked to the degradation of our environment.
This first edition of HAS Talks, organized in connection with the second issue of HAS Magazine 02: Between Anxiety and Hope, welcomes choreographer Anna Chirescu, neuroscientist Marc-Williams Debono, artist Elsa Guillaume, and psychotherapist Charline Schmerber.
Online, 9 February 2021, 18:00/6 PM, Central European Time.
This talk was held in French. You can activate the automatic subtitles by YouTube to watch in the language of your choice.
Depuis quelques décennies, face aux bouleversements environnementaux et à l’urgence absolue d’interagir différemment avec le vivant, une prise de conscience a eu lieu et de nombreuses réponses sont apparues –individuellement comme collectivement, telles que l’activisme écologique, l’écocitoyenneté, l’écopsychologie, ou encore l’écoféminisme. De nombreux chercheurs de toutes disciplines ou interdisciplinaires, parmi lesquels des scientifiques (Aurélien Barrau), des philosophes (Bruno Latour, Vinciane Despret, Baptiste Morizot), des anthropologues (Philippe Descola, Nastassja Martin, Anna Lowenhaupt Tsing) nous invitent à désanthropocentrer notre pensée et à remettre l’être humain à une plus juste place, au sein du vivant.
Et depuis quelques années, en France, les médias nous alertent au sujet d’un nouveau mal : l’éco-anxiété, qui se définit comme un sentiment de détresse, d’angoisse ou même de dépression liés à la dégradation de notre environnement. En effet, chaque jour, ces mêmes médias nous informent au sujet de problèmes complexes tels que réchauffement climatique, feux de forêt, fonte de la banquise, effondrement de la biodiversité, migrations climatiques, catastrophes naturelles, ce qui engendre un sentiment d’insécurité et d’impuissance difficilement contrôlables.
Dès lors, comment les appréhender pour agir concrètement ? Pouvons nous dépasser le déni, la paralysie, ou l’angoisse de finitude, afin d’imaginer individuellement et collectivement de nouveaux récits pour réinventer un avenir différent ?
Si les faits et les discours scientifiques, qui s’adressent à notre raison, ne suffisent pas, l’éco-anxiété et les émotions qui y sont liées, pourraient-elles être le « déclic » ou encore une étape nécessaire à une prise de conscience réelle ?
Relèvent-elles, par ailleurs, non pas d’une maladie ou d’une pathologie, mais bien plutôt d’une réaction saine et logique, et d’une clairvoyance, face à la situation actuelle ? Aussi, l’éco-anxiété nous offrirait-elle l’opportunité d’évoluer vers une éco-citoyenneté salvatrice ?
L’écosensibilité, et particulièrement l’intelligence du monde végétal, pourraient-ils se révéler source d’inspiration, d’apprentissage et ressource pour envisager un autre modèle de fonctionnement qui mènerait également à faire le deuil d’une certaine conception et compréhension de l’être humain et de son environnement ?
Enfin, comment les menaces environnementales bouleversent-elles l’art et la culture, engendrant de nouvelles formes d’expression dans l’objectif premier de sensibiliser le public ? Les dénonciations et les alertes des « artivistes » ou des « éco-artistes » suffiront-elles à soutenir une prise de conscience d’ampleur ?
Comment des artistes, depuis un point de vue sensible, se nourrissant peut-être d’écoanxiété, s’engagent-ils dans un art dit écologique ou de l’anthropocène ?
Comment parviennent-ils à transformer cette angoisse de manière constructive, pour initier de nouveaux imaginaires ?
Dès lors, comme le questionne si bien Marielle Macé : comment vivre dans un monde abîmé ?
Anna Chirescu est une danseuse française formée en danse classique au Conservatoire de Paris avant de rejoindre le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP), membre de la CNDC Company dirigée par Robert Swinston. Elle est aussi diplômée en lettres modernes et affaires culturels de la Sorbonne et de Sciences Po. Avec Grégoire Schaller, elle a créé Cows, duo chorégraphique qui prend pour objet et prétexte la vache, animal emblématique de l’emprise de l’homme sur le vivant, réduit à l’état de matière.
Marc-Williams Debono est chercheur en neurosciences, poète et essayiste, qui développe un nouveau concept de plasticité sur le plan épistémologique, axé sur l’étude des systèmes vivants. Il a fondé le groupe des plasticiens en 1994 puis l’association Plasticités sciences arts en 2000 qui s’intéresse aux rapports entre sciences, arts et humanités. Il y dirige depuis 2005 la Revue Transdisciplinaire de Plasticité humaine PLASTIR. En 2020, il a publié L’intelligence des plantes en question.
Elsa Guillaume est une artiste plasticienne française diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2013, représentée par la Backslash Gallery. Son univers est nourri de références liées à la mer, aux océans, aux cartes, aux récits de voyage et d’explorateurs. Parmi ses nombreuses distinctions, en 2015, elle est lauréate du Prix COAL / Spécial Océan pour son projet Cosmographie Corallienne. En 2016, elle est la première artiste à participer à l’expédition scientifique de Tara dans l’océan pacifique.
Charline Schmerber est praticienne en psychothérapie formée à l’analyse psycho-organique, spécialisée dans les nouvelles souffrances psychiques liées aux enjeux environnementaux. Elle s’intéresse aussi à l’écopsychologie. Elle mène un travail de recherche clinique autour de l’éco-anxiété et de la solastalgie ; elle a notamment réalisé une enquête d’ampleur sur le sujet, récoltant plus de 1.200 témoignages.