ÉDITORIAL
par Zoltán Somhegyi et l’équipe de HAS
Nous appelons un nombre d”espaces” où nous vivons des “lieux”. Bien que les deux termes soient étroitement liés, ils ne sont pas exactement synonymes et, malgré leurs similitudes, ils ne se chevauchent pas, ni dans le langage courant ni dans le discours universitaire. Il existe, bien entendu, de nombreuses façons de différencier les deux. Plusieurs définitions sont citéesà travers les contributions du présent numéro de HAS Magazine, tandis que d’autres ont été élaborées par les auteurs participants. Il est important de souligner que “espace” semble être utilisé comme un terme neutre et descriptif, tandis que “lieu” est un espace auquel certaines qualités et propriétés sont attribuées. Il en résulte une tendance dominante à établir une sorte d’association ou d’attachement à un « lieu », un processus que l’on peut décrire comme projection mentale d’un espace.
Ainsi, non seulement les espaces et lieux fournissent un cadre physique et matériel à notre existence, mais ils influencent et déterminent aussi nos identités et activités. Les spécificités de ceux-ci affectent nos émotions, car nous avons tendance à être conscients de notre environnement et à en subir les effets, et nous nous efforçons de prendre soin de nos espaces. Ceci, bien sûr, à différents degrés et sous différentes formes : nous pouvons choisir de cultiver un espace interne/personnel, ou de sauvegarder l’avenir de notre planète par un engagement plus global, poussé par une vision des espaces et lieux comme zones affectées par les changements environnementaux.
Grâce aux sciences humaines, on peut constater que les arts véhiculent les symboles et références culturelles nécessaires pour créer un lien entre les différentes compréhensions et définitions de ces deux termes. Les deux disciplines fournissent les clés pour naviguer entre eux et donc permettent d’analyser, observer et réfléchir de manière critique aux paradigmes établis autour des termes espaces et lieux. L’utilisation des outils fournis par les sciences humaines et les arts développe notre compréhension de ces derniers et représente une forme de résistance contre la pensée unique. Ils offrent la liberté d’élargir nos espaces et d’apprécier une variété de lieux.
Pour le cinquième numéro de HAS Magazine, nous avons reçu un nombre record de contributions. Ce fut difficile de faire un choix parmi un grand nombre de contributions théoriques, pratiques et artistiques. Comme le montre la sélection finale, nous avons cherché à étudier le thème principal sous différents angles et domaines, avec des textes, des projets artistiques, des études de cas et d’autres analyses examinant le thème du point de vue de différentes parties du monde. En particulier, nous avons recherché des projets captivants qui aident le lecteur à se plonger dans une série de questions qui suscitent la réflexion sur la dualité du thème proposé.
Le nombre record de soumissions mentionné ci-dessus a également démontré qu’HAS Magazine n’est pas seulement de plus en plus lu et populaire, mais qu’il est aussi plus largement reconnu comme un moyen de discussion entre praticiens de différentes disciplines. Nous sommes reconnaissants de cette confiance croissante et faisons de notre mieux pour promouvoir et poursuivre sérieusement le dialogue.
Nous avons toujours mis et continuerons à mettre l’accent sur la nature transdisciplinaire de cette discussion, car nous voulons que le dialogue reste ouvert. Nous sommes convaincus que non seulement nous apprenons les uns des autres, mais que plus nous apprenons des autres, plus notre propre domaine de travail, de recherche et d’activité quotidienne sera enrichi.
J’espère que vous apprécierez la sélection faite pour ce cinquième numéro de HAS Magazine et que les différents points de vue présentés par les contributeurs susciteront de nouvelles idées et vous amèneront à d’autres interprétations de la relation complexe entre les espaces et les lieux.