J’ai commencé ce travail en observant de près ma mère dans son quotidien à la maison. La relation qu’elle a établie avec son “foyer” et sa routine caractérisée par un cycle que l’on peut que qualifier de répétitif, est la raison qui m’a amenée à questionner cette notion. En observant de près les affaires domestiques, qui semblent paisibles lorsqu’on se tient à distance, je me suis rendu compte de la violence qui était en fait intégralement partie : pour cette femme, “l’intérieur d’une maison est plein de pièges.”

Alors, qu’est-ce que le “foyer” ? “Est-ce que le foyer est un mot, ou est-ce que c’est quelque chose que l’on porte avec soi ?”. J’ai essayé d’approfondir ce concept en me posant régulièrement cette question. Au fur et à mesure de mes essais photographiques, des corps sont apparus dans mes photos comme une représentation de ce lieu. Ils m’apparaissaient comme des êtres qui respirent, qui changent et qui enregistrent. Les corps ici m’ont fait comprendre que la notion de “foyer” est un sujet vivant. Dans ce cas, elle se transforme en un lieu de complicité mutuelle et de témoignage. Comment cet espace peut-il se transformer en un lieu inquiétant alors qu’il est pour nous une zone protégée ?

En entrant dans les maisons, je me suis rendu compte que je commençais à déplacer le corps à l’extérieur de celles-ci. J’ai commencé cette série en prenant des photos de ma mère et j’ai continué en prenant des photos d’autres femmes. Tout au long de ce projet, le sens du mot “foyer” a fait appel au monde de mon enfance, présent de manière vivante dans les images présentées. J’ai donc photographié mon sens, mon sentiment d’être chez moi, ce à quoi il ressemble aujourd’hui, tout en étant fidèle à des souvenirs de ma jeunesse.