Au cours des dernières années, la mobilisation de la « nature » dans la planification urbaine et l’urbanisme a connu une évolution radicale. Tandis que la pensée urbaine dominante a compris l’influence du végétal sur la santé publique, sur l’adaptation de la biodiversité au changement climatique et sur la sécurité alimentaire, la notion d’espaces verts (parcs, jardins, etc.) se voit peu à peu remplacée par celles d’infrastructures vertes, d’espaces partagés et de retour au sauvage. À défaut de pouvoir entrer dans les espaces existants, ces nouvelles configurations de la nature remettent en cause la notion même d’espace. Elles constituent également des vecteurs utiles pour comprendre les imaginaires et les conflits émergeants autour de la constitution d’un domaine public urbain.
« Traditionnellement, la ville est conçue comme un monde hors nature, une enclave de civilisation retirée enlevée à la sauvagerie du monde. La place accordée à la nature était surtout symbolique : décor, agrément, souvenir, représentation sous les deux grandes formes de l’arbre et de l’eau. »[1]
Bien que fausse, l’idée d’une nature « contenue » dans les espaces publics urbains façonne les tentatives de faire « ville verte ». Dans les cités européennes préindustrielles, circonscrites par des enceintes fortifiées, l’eau et les plantes étaient employées tel un décor théâtral dans une vie urbaine définie par rapport aux dangers et à la sauvagerie au-delà des murs, ainsi qu’à la « laideur » de l’agriculture et de la vie paysanne. Plus tard, l’avènement des chemins de fer a participé au rapprochement entre les espaces urbains et les espaces sauvages ou cultivés attenants. Mais l’idée a persisté : les plantes et l’eau continuaient à être utilisées comme un simple agrément dans des parcs où il faisait bon de se retirer pour échapper aux horreurs et aux pollutions des villes industrielles. Aujourd’hui encore, le « végétal » est vu comme une matière première dans l’aménagement des espaces verts déconnectés de leur environnement, dans des villes structurées autour des besoins humains, ou encore comme un simple accessoire concourant à l’image de marque d’un lieu.
L’écologie urbaine a renversé le paradigme en définissant l’environnement humain comme une sorte d’archipel à l’intérieur de la matrice continue de la « nature ». Les corps humains ainsi que l’environnement anthropique ne sont pas « contenus » par la nature, mais en sont partie intégrante[2]. Grâce à leur action régulatrice sur l’eau, l’air et la chaleur, on commence à considérer les plantes comme acteurs d’un système urbain complexe. Parallèlement, la désindustrialisation touchant les villes européennes et nord-américaines a redonné ses droits à la nature qui s’est saisie des terrains vagues. Au cours des vingt dernières années, l’urgence climatique renforçant les besoins de production alimentaire locale, ces terrains ont été repensés comme des nœuds dans les chaînes locales de production et d’approvisionnement, répondant ainsi aux imaginaires d’une société en réseau et aux lectures métaboliques des villes, devenues prédominantes. Les configurations de nature urbaine (infrastructures vertes, communs urbains, ensauvagement) créées ou cultivées dans les villes pour répondre à ces nouveaux enjeux modifient la définition d’espace public. Les plantes ont toujours été nos voisines, mais j’ose croire que la place qu’on leur donne ou celle qu’elles prennent peut en dire long sur nos façons d’habiter la ville.
Les infrastructures vertes et le public démocratique
Tout au long du 20e siècle, le terme d’infrastructure a été appliqué à de nombreux phénomènes[3] : du savoir-faire technique destiné à résoudre les enjeux logistiques urbains aux projets politiques visant à « moderniser » la société et à stimuler l’économie, en passant par les nouvelles configurations spatiales du mouvement et du voyage et par les tentatives académiques d’analyser les systèmes qui forment les « substrats générant l’environnement du quotidien »[4]. Par conséquent, les objets de la conception infrastructurelle se voient modifiés au fil des enjeux, des opportunités économiques et des visions d’avenir prédominantes dans telle ou telle société urbaine. Après les infrastructures de transport des années 1960 et 1970, les infrastructures économiques et sociales dans les années 1980 post-récession, les infrastructures culturelles au tournant du millénaire, quand de nombreuses villes post-industrielles misaient gros sur les industries créatives, c’est aujourd’hui au tour des infrastructures « vertes » de répondre au besoin urgent d’adaptation de la ville au changement climatique et de concrétiser la promesse d’un mode de vie urbain durable.
La nécessité de penser l’aménagement urbain au-delà des espaces verts devient évidente quand on observe, par exemple, comment la Ville de Paris aborde les arbres dans sa stratégie d’adaptation climatique. En annonçant au public la création de « forêts urbaines » sur des sites emblématiques de la ville, la municipalité ne les présente plus comme simplement des lieux de promenade agréables, mais comme de véritables infrastructures conçues pour combattre la pollution et atténuer le réchauffement climatique tout en soutenant la vie des insectes, élément crucial des processus écologiques plus vastes[5]. Les effets de ces forêts dépassent donc leurs environnements immédiats et deviennent systémiques. Selon Kian Goh, designer urbaine et chercheuse, les infrastructures vertes conçues dans le cadre de l’adaptation climatique naviguent entre des processus planétaires comme le réchauffement climatique et leurs effets hyperlocalisés : un quartier ou une rue peuvent être davantage exposés à la chaleur ou aux inondations du fait de leur aménagement et de leur architecture[6]. Les villes, à la fois génératrices majeures d’émissions de gaz à effets de serre et premières victimes du réchauffement climatique, doivent concilier des stratégies de responsabilité locale (rendre la ville plus supportable dans un contexte de dérèglement climatique) et des stratégies de responsabilité globale (réduire sa contribution au dérèglement climatique), tandis que les mesures nécessaires pour chacune de ces deux approches peuvent avoir des conséquences différentes sur les politiques urbaines et sur les styles de vie. Les infrastructures vertes, dès lors, sortent de l’« espace » en plaçant les plantes dans un réseau de conséquences allant du micro- au macro-.
Le cadre des infrastructures vertes pourrait également nous aider à dépasser la définition anthropocentrique des espaces publics et nous conduire vers une prise en compte des géographies non humaines. Au milieu du 20e siècle, le développement fulgurant des infrastructures routières qui ont remplacé les infrastructures ferroviaires industrielles du 19e siècle a généré l’apparition des voies ferrées désaffectées dans certaines villes. La petite ceinture à Paris en est un exemple typique : cette ligne de chemin de fer encercle la capitale française à l’intérieur du Boulevard Périphérique, ancien rempart de la ville. Tantôt logée au fond des tranchées et tunnels, en dessous du niveau de la rue, tantôt soulevée par des viaducs, elle servait au transport des marchandises sans interférer avec le domaine public de la rue. Après sa fermeture, la petite ceinture est longtemps restée cachée du public, devenant ainsi un paradis pour la nature sauvage et les formes de vie « illicites » (nous verrons plus tard que les deux vont souvent ensemble). Dans les années 1990, ses premiers aménagements en vue d’une ouverture au public reproduisaient le mode « symbolique » de la nature urbaine : treillis pittoresques, fontaines et roserais agrémentaient la promenade plantée dans le 12e et le 20e arrondissements.
Les réaménagements plus récents de la petite ceinture ont suivi une démarche d’écologie urbaine visant à « accueillir et encourager la mobilité, la reproduction et l’évolution non humaine »[7]. Aujourd’hui, au lieu de remplacer la végétation spontanée par des fleurs décoratives, on reconnait à la petite ceinture son rôle d’infrastructure cruciale pour le déplacement des animaux entre leurs lieux de nidification et de reproduction dans la ville : un « corridor vert » inestimable dans la perspective d’un hérisson, par exemple[8]. L’urbanisme élargit alors son champ d’action pour englober non seulement les moyens nécessaires aux déplacements et à la survie humaine, mais également à la protection des habitats des non humains. Selon Jonathan Metzger, les non-humains sont capables d’exprimer leurs opinions politiques en acceptant ou en refusant d’adopter les infrastructures mises à leur disposition par les humains[9]. D’éléments fortuits de l’espace public, les animaux deviennent ainsi des acteurs du domaine public jouissant d’une « voix politique »[10] et d’une présence concrète à l’ordre du jour de la cité.
Communs urbains et nature communautaire
À l’instar de l’infrastructure, la notion de « communs » peut être exploitée de multiples manières. Elle peut désigner des espaces d’un type particulier, comme des jardins partagés et des parcelles individuelles. Elle peut également incarner les politiques de responsabilité et d’engagement partagés envers des ressources telles que l’air, les créations littéraires et artistiques (creative commons) et même l’espace cosmique[11]. Dans son acception politique, la notion de (bien) commun ne date pas du 20e siècle. C’est en effet la remise au goût du jour du droit d’usage communautaire auquel étaient soumises les terres communales au Moyen Âge. Tout comme l’espace cosmique (pour l’instant), celles-ci n’étaient alors pas subordonnées au régime de propriété privée avant que l’extraction capitaliste ne prenne le dessus (un sort fort probable pour l’espace cosmique dans l’avenir proche). Sans surprise, les « communs » sont devenus le cri de ralliement des professionnels de l’urbanisme puisqu’ils incarnent les idées, sinon les idéaux, de propriété partagée, de coopération et de création d’espaces en dehors du système capitaliste basé sur l’échange monétaire – des aspirations chères aux urbanistes qui aimeraient leur donner une réalité concrète malgré les enjeux des donneurs d’ordre qui ne les partagent pas nécessairement. Pour donner une matérialité à ces idéaux, les urbanistes se tournent vers les plantes. Le végétal collectif — que ce soit pour ses fruits proprement dits ou bien pour le plaisir ou la santé — est au centre de nombreux projets regroupés sous la bannière de communs urbains. Ce type d’engagement collectif est en rupture avec la gestion des espaces verts assurée par les services publics, propriétaires de ces terrains au nom des citoyens. Essayez de retourner la pelouse d’un jardin public à Paris ou à Londres pour y planter des patates, comme vous ferez dans un jardin partagé, et vous saisirez aussitôt la différence de régime entre espace « public », demandant un entretien par des professionnels afin d’atténuer les dommages dus à son accès au public, et espace « commun ».
À Paris, les espaces verts entretenus collectivement ont le vent en poupe. Pourtant, s’il existe bel et bien des zones consacrées aux jardins partagés au sein des parcs municipaux, la majorité de ces initiatives collectives sont « privées » au sens où elles ont lieu sur des terrains non publics (des parcelles constructibles vides, par exemple) et sont gérées par des associations, considérées comme des organisations privées. Régis donc par le droit privé, ces jardins partagés sont moins accessibles au public que les espaces verts, ces derniers étant ouverts à tous, sans restriction, à n’importe quelle heure ou au moins durant la journée. La plupart des jardins collectifs ne sont accessibles qu’à des moments précis, durant lesquels des bénévoles formés peuvent accueillir les visiteurs, encadrer la plantation des légumes et s’assurer que les bacs à compost ne sont pas pollués avec des ordures non biodégradables. En dehors de ces horaires, l’accès est souvent limité à des membres de l’association qui ont été formés au compostage et à la gestion de leurs petites parcelles. Ces membres s’apparentent aux paysans du Moyen Âge qui jouissaient du droit d’usage des communaux. Bien que le grand public puisse être invité à regarder, à admirer ou même à faire un peu de jardinage, il n’a pas le droit d’y faire pousser ses plantes et d’en cueillir les fruits.
Le public est donc distinct du commun, en tant que cadres légaux de l’espace et positions sociales à l’intérieur de celui-ci. Il arrive même que ces deux régimes soient en conflit, comme c’était le cas à Aubervilliers, où les membres des jardins ouvriers ont dû combattre pour sauver leurs parcelles — noyaux de biodiversité et de culture potagère collective dans un quartier défavorisé et densément peuplé — de la construction d’infrastructures sportives publiques en vue des Jeux olympiques de 2024. Plus hermétiques que les jardins partagés urbains, les jardins ouvriers à Paris ou Marseille tendent à restreindre l’accès à leurs ressources (récoltes, outils, etc.), en se tenant à l’écart du monde public extérieur, dont le soutien est loin d’être garanti, comme on a pu le voir dans cet affrontement entre équipements publics et jardins collectifs.
En tant qu’espaces, les communs offrent par conséquent un cadre intime d’appartenance et d’échanges non commerciaux, contrastant ainsi avec le public démocratique, ouvert à tous et dont les infrastructures sont généralement conçues par des gouvernements néo-libéraux dans une optique d’efficience et de croissance. Les « communs » sont un modèle résolument alternatif, mais aussi fragile, à la fois face aux enjeux économiques et face aux volontés démocratiques des publics extérieurs exclus des communautés de ses membres. Conscients de ces enjeux, la plupart des personnes participant à la conception des communs urbains cherchent à développer des modèles de partage de ressources et de gestion communautaire permettant de relier ces espaces communs au tissu urbain afin de les rendre plus ouverts et plus résilients[12]. La création d’espaces communs ne suffira pas pour que le processus de commoning devienne une alternative viable à la vision néo-libérale du domaine public.
Le sauvage et les contre-publics transpédégouines
Bien que le réensauvagement soit devenu le mot d’ordre de l’urbanisme vert, à la fois pour les acteurs de terrain et pour les acteurs politiques, ce phénomène, loin de faire politique publique, semble interroger les fondamentaux de l’urbanisme. Si l’on réensauvage volontiers les espaces verts des cimetières en laissant la nature reprendre ses droits et en limitant au strict minimum l’intervention humaine, cette stratégie ne tolère pas pour autant les formes de vie qui se développent dans ces espaces de nature sauvage. Ces formes de vie peuvent exister à la périphérie des villes ou bien en leur sein, là où des infrastructures ou des terrains délaissés créent des espaces marginaux qui peuvent accueillir des formes « illicites » d’habitation ou de rassemblement. La nature sauvage – animaux et plantes accédant à leur « autonomie »[13] sans intervention humaine – s’épanouit dans l’invisibilité, tandis que l’espace public la veut bien taillée et maîtrisée dans un souci d’esthétique civique. De la même façon, les vies à la marge, les rave-parties, le travail du sexe ou le cruising (la drague non verbale pratiquée en l’espace public ou des aires naturelles) – phénomènes courants au bois de Vincennes ou de Boulogne aux abords de Paris – se tiennent à l’écart du regard public et, par conséquent, à l’abri de la surveillance et du conditionnement social qui vont avec. Nullement semblables aux communautés stables formées autour des communs urbains, ces « contre-publics », selon le terme de Michael Warner, désignent la quête des corps étrangers pour le plaisir, pour gagner sa vie ou pour fuir la violence qu’exerce sur les corps queers la société patriarcale, au sein de laquelle ces stratégies de contact sont considérées comme illicites.
Le réensauvagement en tant que stratégie de gestion de l’espace, adoptée par les autorités publiques, se distingue de la « nature sauvage » en tant que condition pour l’autonomie humaine et non humaine, qui, étant guidée par une logique propre, se passe de gestion externe. La coïncidence de ces deux régimes, loin d’être fortuite, atteste leurs croisements multiples. Comme le fait remarquer Matthew Gandy, en taillant la végétation « envahissante » dans les parcs londoniens afin de rationaliser l’espace et endiguer le cruising, les autorités publiques ont également participé à la destruction de la biodiversité[14]. Là où les espaces verts ont échappé à cette brutalité, les hommes cherchant à rencontrer d’autres hommes (ce sont surtout des hommes qui souvent ne s’identifient pas comme homosexuels dans leur quotidien) cohabitent avec des botanistes du dimanche et des personnes à la recherche d’un environnement calme loin de la rumeur urbaine. On peut alors parler d’une « alliance hétérotopique » ayant le potentiel, comme le pointe Matthew Gandy, de relier des partenaires en apparence improbables dans une action écologique contre les menaces pesant sur ces environnements.
En arpentant une ville comme Marseille[15], dans son tissu urbain sinueux entrecoupé d’espaces abandonnés, il est aisé d’observer que la nature sauvage prospère derrière les clôtures, là où elle est tant invisible qu’inaccessible. À Bordeaux, on enclot les nouvelles « forêts urbaines » du centre-ville en les rendant inaccessibles au public, dans le but de favoriser une densité écologique autonome capable de lutter contre l’effet d’« îlot de chaleur » induit par la minéralisation urbaine[16]. À Paris, tandis que le camp écologiste appuie la création de telles forêts, la mairie socialiste les considère incompatibles avec une version classique d’espace public ouvert[17].
Il se peut que ces deux approches ne tirent pas suffisamment parti du potentiel du ré-ensauvagement en tant que processus remettant en cause les normes culturelles et sexuelles dans l’espace public et ouvrant la voie à des formes alternatives de sociabilité. Limiter le projet de ré-ensauvagement à la question des non-humains c’est ignorer le pouvoir catalyseur de la nature sauvage sur l’autodétermination humaine. Œuvrer pour la protection et l’expansion des espaces sauvages doit converger avec la lutte pour la reconnaissance du travail sexuel et des pratiques sexuelles queer, mais également avec la lutte contre la pensée réactionnaire criant à l’outrage face à une telle utilisation de l’espace naturel[18]. Résolument tourné vers l’avenir, ce combat n’idéalise pas le passé, ce qui serait une vision partiale selon Marion Waller, servant les intérêts des groupes dominants[19]. Par conséquent, nous devrions remplacer la notion de « réensauvagement » par un « ensauvagement » culturel, qui peut nous aider à désapprendre et nous défaire de l’homophobie et de la misogynie profondément enracinées dans la gestion de la vie humaine et non humaine.
Espace : trop et pas assez
À l’ère de l’érosion de la biodiversité et de l’urgence climatique, les formes de vie non humaines (animaux, plantes, insectes) bousculent les principes fondamentaux de l’urbanisme et de la conception de l’espace public. Une reconfiguration politique et spatiale du domaine public est nécessaire face à l’émergence des acteurs politiques non humains, aux sollicitations en faveur d’un droit de cultiver et de faire pousser et à la reconnaissance de l’autonomie de la nature sauvage et des sous-cultures humaines qu’elle abrite. Ces éléments remettent en question la dominance même du public en tant que cadre de la vie dans la cité, en faisant valoir de nouvelles formes de collectif allant au-delà de l’humain.
En attendant, le design urbain, dont le but est de prévoir et de contrôler les implications spatiales de la vie humaine, généralement assujetti aux enjeux commerciaux ou à ceux des autorités publiques, se heurte aux limites de sa capacité à gérer les écologies émergeant des processus plus-qu’humains : jardinage collectif, ensauvagement, infrastructures produites par les non-humains. Toutes ces configurations, telles que j’ai tenté de les décrire, indiquent que les « espaces verts » (parcs, jardins, forêts) ne suffisent pas pour imaginer des lieux favorisant la cohabitation entre l’humain et la nature au sein de la ville. Certes, le spectre des modes d’existence des villes dans la nature et de la nature dans les villes est vaste : en réseau, interstitiel, en marge ou en tant que partie prenante des alternatives culturelles et sociales. En prêtant une attention particulière aux conditions complexes émergeant des écologies du sauvage, des communs et des infrastructures, nous pourrons démultiplier nos capacités d’épanouissement et enrayer la consommation des terres et de ressources.
Notes
[1] Carole Barthelemy et al., Petit Atlas d’une Ville-Nature: Jardins Urbains et Cultures Buissonnières à Marseille (Marseille: Wildproject Éditions, 2017), 43.
[2] Baptiste Lanaspeze, Marseille Ville Sauvage: Essai d’écologie Urbaine, 2nd ed. (Marseille: Actes Sud, 2020)
[3] Justinien Tribillon et John Bingham-Hall, « L’essor de la notion de cultural infrastructure urbaine. Ou quand la culture devient un investissement comme un autre », Journal des anthropologues, no. 162–163 (20 décembre 2020): 47–64, https://doi.org/10.4000/jda.9933.
[4] Maan Barua, ‘Infrastructure and Non-Human Life: A Wider Ontology’, Progress in Human Geography 45, no. 6 (1 décembre 2021): 1469, https://doi.org/10.1177/0309132521991220.
[5] A Paris, les rêves de « forêts urbaines » se heurtent à la réalité, Le Monde.fr, 7 juillet 2021, https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/07/07/a-paris-les-reves-de-forets-urbaines-se-heurtent-a-la-realite_6087397_823448.html.
[6] Kian Goh, Form and Flow: The Spatial Politics of Urban Resilience and Climate Justice (MIT Press, 2021).
[7] Barua, ‘Infrastructure and Non-Human Life’, 1476.
[8] Jennifer Foster, ‘Hiding in Plain View: Vacancy and Prospect in Paris ’Petite Ceinture’, Cities, Vacant land: The new urban green?, 40 (1 octobre 2014): 124–32, https://doi.org/10.1016/j.cities.2013.09.002.
[9] Jonathan Metzger, ‘Expanding the Subject of Planning: Enacting the Relational Complexities of More-than-Human Urban Common(Er)s’, 2015.
[10] &beyond and Theatrum Mundi, eds., Sonic Urbanism: The Political Voice, vol. 2 (London: Theatrum Mundi, 2020).
[11] Cassandra Steer, ‘Global Commons, Cosmic Commons: Implications of Military and Security Uses of Outer Space’, Georgetown Journal of International Affairs 18 (2017): 9.
[12] John Bingham-Hall, ‘Future of Cities: Commoning and Collective Approaches to Urban Space’, Foresight Future of Cities Project (London: Government Office for Science, 2016).
[13] Marion Waller, Artefacts naturels : Nature, réparation, responsabilité (Paris: Editions de l’Eclat, 2016).
[14] Matthew Gandy, ‘Queer Ecology: Nature, Sexuality, and Heterotopic Alliances’, Environment and Planning D: Society and Space 30, no. 4 (1 août 2012): 730, https://doi.org/10.1068/d10511.
[15] Comme je l’ai fait chaque semaine pendant les trois mois de ma residence qui a servi de base à cet article.
[16] Eva Fonteneau, ‘Bordeaux : Des Micro-Forêts Urbaines Pour Rafraîchir La Ville – Libération’, Libération, 6 December 2020, https://www.liberation.fr/terre/2020/12/03/bordeaux-des-micro-forets-urbaines-pour-rafraichir-la-ville_1807416.
[17] Voir les débats animés par l’auteur entre Marion Waller, conseillère à la Maire de Paris en charge des espaces verts, et Céline Baumann, paysagiste : https://youtu.be/zb3reGKt0rk
[18] Cy Lecerf Maulpoix, Écologies Déviantes (Paris: Cambourakis, 2021), 236.
[19] Waller, Artefacts naturels.
John Bingham-Hall, Ph. D., est chercheur indépendant et écrivain. Il s’intéresse aux performances, aux infrastructures et aux technologies de la vie urbaine. Diplômé en musique (Goldsmiths) et en théorie de l’architecture (UCL Bartlett), il interroge et s’engage dans la sphère publique à travers des pratiques spatiales et la programmation culturelle. En tant que co-directeur du Theatrum Mundi, il a initié des projets autour des infrastructures culturelles, des communs urbains, de l’engagement politique et de l’urbanisme sonique. Il est auteur du projet Commons, Wilds and Infrastructures: Urban natures and the production of (counter)publics in Paris and London pour lequel il a obtenu la bourse Banister Fletcher Global à University of London de Paris. Il vit entre Paris et Marseille et travaille en Europe et dans le bassin Méditerranéen.
John Bingham-Hall, Ph. D., est chercheur indépendant et écrivain. Il s’intéresse aux performances, aux infrastructures et aux technologies de la vie urbaine. Diplômé en musique (Goldsmiths) et en théorie de l’architecture (UCL Bartlett), il interroge et s’engage dans la sphère publique à travers des pratiques spatiales et la programmation culturelle. En tant que co-directeur du Theatrum Mundi, il a initié des projets autour des infrastructures culturelles, des communs urbains, de l’engagement politique et de l’urbanisme sonique. Il est auteur du projet Commons, Wilds and Infrastructures: Urban natures and the production of (counter)publics in Paris and London pour lequel il a obtenu la bourse Banister Fletcher Global à University of London de Paris. Il vit entre Paris et Marseille et travaille en Europe et dans le bassin Méditerranéen.