« Autrui me constitue et me fait responsable de lui. »
Emmanuel Lévinas
Les mains ont été présentes dans l’histoire de l’art depuis toujours et pas seulement en tant qu’ extraordinaire outil de création, mais aussi en tant que symbole. Elles apparaissent déjà dans les premières peintures de l’art pariétal paléolithique et ont été représentées et utilisées comme des symboles par différentes civilisations et religions tout le long de l’histoire de l’humanité, pour renvoyer à des notions très complexes. Cette série met en lumière l’aspect affectif lié au toucher qui passe par les mains, ces mains qui nous sont presque défendues dans ce temps de pandémie.
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À l’origine de .H.A.N.D.S. il y a deux éléments essentiels : d’une part, la recherche continue d’une expérimentation avec l’ancienne technique du cyanotype et son utilisation sur des supports non conventionnels et, d’autre part, la nécessité de travailler sur une problématique ancrée dans le contexte global actuel généré par la pandémie qui nous a tous touchés d’une façon ou d’une autre : la distanciation sociale. J’ai commencé par photographier les mains de mon bien-aimé et ce faisant j’ai pensé à toutes les mains amicales que je ne peux plus toucher. Le contact physique est devenu un risque, en même temps qu’un énorme manque. Les caresses, les baisers, les câlins, une simple poignée de main nous sont interdits. J’ai décidé d’inviter mes amis éloignés et ma famille à m’envoyer des photos de leurs mains, ces mains qui étaient là à un moment donné pour m’aider, m’accompagner, me caresser, me soutenir, me réconforter, pour donner et aussi recevoir. Mes amis proches m’ont permis de photographier les leurs. Le projet est ainsi devenu un grand travail participatif. Je transforme les photographies collectées en négatifs puis, avec la technique photographique du cyanotype, je les imprime sur de petites boîtes en carton que je recycle (chocolats, médicaments, céréales.) Chaque boîte en carton imprimée contient, d’une certaine manière, non seulement une forme de présence de la personne photographiée mais aussi un message d’amour et de solidarité.
Reproduire ces images – avec une technique photographique non nuisible pour l’environnement – sur un support modeste, sans prétention, un papier consideré comme déchet, c’est une décision qui s’inscrit dans un processus de recherche autour de techniques photographiques que j’appelle humbles : celles qui n’ont pas besoin de matériaux chers ou d’équipements sophistiqués. Un peu de chimie basique et la lumière du soleil ont été suffisantes pour réaliser cette série qui compte déjà plus d’une centaine de pièces.
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À l’époque où j’étais élève à l’Ecole des Beaux-Arts de Bogota, loin de chez moi, ma mère m’envoyait régulièrement une boîte en carton remplie de gourmandises qu’elle préparait de ses mains : biscuits, pains, gâteaux, fromages… Ces boîtes en carton étaient les messages d’amour de ma mère; même aujourd’hui, après tant d’années, je me souviens clairement de la douce odeur qu’elles dégageaient.
Née en Colombie en 1964. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de l’Universidad Nacional (Bogotá). Elle vit et travaille en France depuis l’année 2000.
Au début des années 90, elle a travaillé et exposé avec plusieurs collectifs d’artistes. Parallèlement, elle a exercé en tant que professeur d’arts plastiques dans un collège de la capitale colombienne. Aujourd’hui elle explore des anciens processus photographiques tels que le cyanotype, l’anthotype et l’impression à la chlorophylle. Son travail a été exposé dans des galeries à Denver, Budapest, Arles, Barcelone…
Née en Colombie en 1964. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de l’Universidad Nacional (Bogotá). Elle vit et travaille en France depuis l’année 2000.
Au début des années 90, elle a travaillé et exposé avec plusieurs collectifs d’artistes. Parallèlement, elle a exercé en tant que professeur d’arts plastiques dans un collège de la capitale colombienne. Aujourd’hui elle explore des anciens processus photographiques tels que le cyanotype, l’anthotype et l’impression à la chlorophylle. Son travail a été exposé dans des galeries à Denver, Budapest, Arles, Barcelone…