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La genèse de l’art précède celle des mots et du langage.
Déjà à l’ère des pierres, des tribus, en marge de leurs activités de chasse et de pêche, commençaient à graver sur des roches des signes, des représentations de leur totem, qui devenaient plus tard les premiers écrits de la langue pictographique. Il s’agissait d’une inscription, et par là, d’une communication et d’une transmission des scènes du travail et de la vie, à être partagées au sein de la communauté. D’où l’origine de l’art pictural, art primaire marqué par la simplicité et la sobriété. Quand les tribus fêtaient la récolte issue de leurs travaux agricoles ou la performance de leur chasse et pêche, les gens, rassemblées et ivres de joie, se mettaient à chanter et à danser. Voilà les archétypes de l’art du chant et de la danse.
En bref, des historiens de l’art ont avancé, par l’induction, la conclusion selon laquelle l’art trouve son origine dans le travail et la vie des hommes. Autrement dit, il y a un lien intime entre l’art et la vie humaine, avec toutes les activités de production que la vie sociale implique. En d’autres termes, dès sa genèse, l’Homme avec l’art constituent désormais un ensemble ; dès la naissance d’un individu, il trouve déjà des cellules artistes dans son système sanguin. L’art est devenu par conséquent une composante à part entière du patrimoine génétique de l’espèce humaine.
Avec une évolution lente inscrite dans la longue durée, l’Homme a quitté son état naturel pour rentrer à l’ère néolithique, passant de la nourriture crue à celle cuite grâce au feu, grâce à la friction bois contre bois. Le mode de vie a changé considérablement. Les images de totem deviennent des mots écrits, la chasse et la pêche se complètent d’une agriculture sédentarisée, avec la fabrication de moyens de transport comme bateau et véhicule et avec l’invention de la production textile. La civilisation de l’agriculture sédentaire se dessine enfin à l’horizon.
L’art évolue lui aussi: de l’art primaire sous forme de signes et de dessins de totems à l’art pictural qu’est la peinture, des fêtes à la danse et à la musique. L’art, avec le temps et l’évolution de l’espèce humaine, s’étend à l’architecture, à la sculpture, au théâtre, à la littérature, à la télévision et au cinéma, et finit par s’établir comme une civilisation spirituelle de l’humanité.
L’art constitue un vecteur de la culture de l’humanité alors que la culture, elle, est la plateforme de la civilisation que l’Homme a créée.
La civilisation matérielle et celle spirituelle sont deux indicateurs majeurs pour évaluer le niveau de la culture de différents pays et différentes régions, différentes ethnies et communautés sur la planète. Elles sont, plus encore, deux propulseurs du développement économique et social de tous les pays.
Pour un pays qui a connu dans son histoire un grande avancée culturelle, la pauvreté et le retard que vit son peuple actuellement ne seront que temporaires. En revanche, pour un pays ou une communauté qui n’ont pas de patrimoine culturel ou qui en ont un à un faible niveau, la prospérité et la richesse matérielle dont son peuple bénéficie à présent ne sauront s’inscrire dans la durée.
Passons en revue l’histoire plurimillénaire de l’évolution de la civilisation de l’Humanité, force est de constater la force motrice que la culture et l’art ont produite dans le développement économique et le progrès social. Au stade primaire que la genèse de l’art a parcouru et qui a duré longtemps, l’Homme a beaucoup expérimenté en création artistique dans son avancement, à tel point que l’Homme se servait de l’art comme d’un outil de communication interhumaine et de transmission intergénérationnelle des concepts et des pratiques de la vie sociale et de la production. En Occident, l’art avant le début de notre ère, a été exclusivement mis au service des classes dominantes sous le régime féodal. Après son entrée à l’ère chrétienne, il servait en même temps, de manière complémentaire, l’objectif de la diffusion et l’éducation religieuse. Il a fallu attendre le Moyen-Âge, surtout à Venise, pour que l’art ait connu la Renaissance et que la création artistique renoue avec sa propre mission historique et avec son expression de l’air du temps. Les artistes se sont débarrassés du joug imposé par le système féodal, des contraintes religieuses qui empêchent l’esprit de s’ouvrir et de s’envoler librement au ciel d’Azur. Ils puisent leur inspiration dans la vie quotidienne et dans les événements objectifs que vit la société pour donner libre cours à leurs idées subjectives et leurs émotions. C’est à cette époque-là que le milieu d’art a soulevé de nouveaux courants de pensée comme classicisme, réalisme et romantisme. Léonard de Vinci et Michel-Ange, pour n’en citer que quelques uns, sont deux des grands maîtres représentatifs de cette époque qui a profondément marqué l’histoire de l’art. Plus tard, le 16e et le 17e siècles ont vu apparaître l’école du réalisme critique et celle du romantisme critique. Les artistes représentent sous la plume et sur la toile la réalité sociale de manière crue, la vie des gens au quotidien et la guerre vues et revues avec un regard critique et avec un style foncièrement personnel avant de reproduire une série de personnages, d’événements et d’objets au tableau. Nous pouvons dire que Théodore Géricault, peintre français, avec Käthe Kollwitz, peintre allemand et IIia Répine, peintre russe, sont les trois artistes représentatifs de ce courant artistique.
Si on pouvait qualifier les œuvres d’art comme fragments de l’histoire de l’humanité, on pourrait tout à fait considérer l’histoire de l’art occidental comme un miroir qui reflète de manière réaliste l’histoire de la société et des peuples. Les grands artistes, par les tableaux créés avec leur vie éphémère mais éternisés par leur splendeur en qualité du témoignage de l’histoire du monde occidental, ont rempli pleinement leur mission historique et artistique.
Or, après le 19e siècle, les œuvres d’art que l’on trouve au milieu des artistes occidentaux semblent éloignées du principe de la mission respectée par les artistes. Séduits par la sirène du capitalisme qui se traduit par le style dit de « décadence », des artistes égarés dans des impasses sans pouvoir renouer avec leur mission historique et sociale, s’abandonnent aux jeux de débauche.
Dans le domaine des arts en Occident, la plupart des artistes s’enlisent dans la jouissance du confort matériel et se laissent corrompre le cœur qui était pourtant pur et simple à son origine. Le contexte de la société consumériste, la vie avec aisance et insouciance, les rendent démoralisés, sombrés dans la décadence, sans avoir d’objectifs de vie ni repères comme système de valeurs à la perspective, pendant les décennies entre la deuxième moitié du 20e siècle et le début du 21e siècle. Alors qu’ils restent piégés dans les impasses, les grands artistes, les grands écrivains et les grands maîtres philosophes se font briller par leur absence sur la scène pendant la même période.
L’Homme vient au monde avec ses propres pleurs et le quitte avec ceux des autres. Une vie limitée à des décennies, quelques dizaines de printemps et d’automne, arrive ainsi à sa fin avec ces doubles pleurs. Tout le monde partage le même début et la même fin de la vie qui sont identiques sauf que personne ne fait la même chose entre les deux. Qu’est-ce que vous avez laissé au monde ? La responsabilité et la mission innées de l’Homme qu’il doit assumer durant toute sa vie consistent à se faire vivre même après sa mort dans l’esprit des gens de génération en génération et dans l’histoire, dans la mémoire collective.
Un professeur est ingénieur de l’esprit de l’humanité, il passe sa vie à instruire et à éduquer inlassablement ses élèves, en bon pédagogue, afin de les orienter vers le chemin de la justice, en les initiant au sens moral et éthique, au sens du respect des grands sages et des personnes âgées, afin qu’ils deviennent plus tard des piliers d’une société, animés par de l’énergie positive et par l’intérêt général qu’ils assureront. Il s’agit là d’une mission et d’une cause au sens noble du terme assumées par un travailleur dans l’éducation nationale. Or aujourd’hui, des enseignants considèrent cette mission noble dans l’histoire comme un métier, un gagne-pain qui permet de survivre et non plus comme une bonne cause !
Les médecins étaient, dans l’histoire, des gentilshommes qui sauvaient la vie des gens, qui soignaient les malades avec une âme noble et avec une technique au service des gens. Il s’agit d’une bonne cause aussi noble que la première et d’une mission consacrée par la vie elle-même. Or, avec le temps, avec la société qui évolue au rythme de ses références morales qui changent, les médecins investis par cette mission et animés par les vertus déontologiques sont devenus aujourd’hui des denrées rares. En même temps, des médecins, surtout ceux qualifiés comme spécialistes renommés, ont fait fortune avec leur métier : de plus en plus nombreux sont des médecins célèbres qui jouissent de leur haut revenu, bien qu’ils aient largement trahi les attentes des parents de patients et leur mission.
Comme les professeurs et les médecins, un artiste a, lui aussi, une mission innée qui consiste à œuvrer jusqu’à sa mort à la bonne cause qu’est la création artistique, à reproduire la réalité historique à l’aide de sa plume et de ses supports, à représenter les choses et les objets de la société qu’il a observés durant sa vie, traduits en images placées sous les lumières de sa pensée et de ses émotions. La plume qu’il tient à la main présente non seulement au public des fragments de la réalité objective de la société humaine où il porte l’air du temps, mais inscrit aussi dans la mémoire artistique une épopée de sa mission artistique bien remplie, avec sa prise de conscience de cette mission qui s’installe dans la durée. Tel un artiste à l’esprit stoïcien qui se voue religieusement à l’art et qui passe toute sa vie en quête du saint graal artistique. Guidé par la mission dont il est parfaitement conscient, par sa vision du monde et sa sensibilité historique, il dénonce sous sa plume la cruauté de la guerre qui sème la mort et le désastre au monde pour appeler de tout cœur à la paix, il représente sur la toile sans le moindre embellissement la vraie vie de pauvres gens mal logés, vivant dans les ténèbres et en lutte permanente contre la misère, exclus d’une société pourtant pleine de luminosités en apparence. C’est ainsi que l’artiste frappe le public d’un effet de choc pour le rappeler à rejoindre le chemin de la justice et du progrès social.
La grande roue de l’histoire rentre au 21e siècle, marquée par un haut niveau de la civilisation. Les nouvelles technologies permettent déjà d’aller explorer en outre l’espace, d’identifier la clé de la génétique et de faire du clonage des êtres vivants. Les technologies numériques surveillent partout les gens et mettent la vie privée sous le jour avec le big data. Or, les désirs inassouvis des gens qui veulent tout et tout de suite, les animosités dont fait-on preuve des gens en proie au pouvoir hégémonique, les pillages économiques et les jeux de rapports de force géopolitiques, ont jeté de l’ombre au début du nouveau siècle censé aller vers davantage de lumière de civilisation humaine, et ont fait honte à la justice et à la civilisation même. La nature humaine ainsi dépravée se trouve, surtout avec ceux qui sont obsédés par le pouvoir hégémonique et par la domination absolue, qui font fi de la raison, outragent la nature humaine normale et foulent aux pieds les principes fondamentaux de la morale, au gouffre de la jungle où c’est la loi des plus forts qui fonctionne. Au moment où l’humanité se trouve à un cycle noir à l’époque de la haute civilisation, l’Homme a besoin plus que jamais des œuvres d’art et des créations culturelles relevant du nouveau courant de pensée susceptibles de permettre aux gens de purifier leur esprit, de s’éloigner progressivement du chemin spirituel déraillé, de l’idéologie de la jungle, avant de pouvoir faire tomber les tensions politico-sociales et de construire ensemble un monde en harmonie qu’est le village de notre planète. Par conséquent, nous attendons avec impatience l’apparition des artistes nourris du sens de la responsabilité et de celui de leur mission historique.
Au commencement de l’humanité, il y avait l’art primaire dont l’objectif de la production, sobre et simple, consiste à communiquer, à travers les signes et les images de totem, la joie de la récolte et les pratiques sociales. D’où la prise de conscience de la mission des artistes à l’époque primitive, malgré la simplicité et la sobriété des moyens avec lesquels les premiers artistes s’expriment. L’association de l’Homme à l’art dont la production, diverse et variée et haute en couleur accompagnent pourtant chaque pas de l’avancement fait par l’humanité de manière naturelle.
Les valeurs que visent la production artistique et la prise de conscience de la mission que les artistes s’attribuent à eux-mêmes, sont les fruits de l’imprégnation de l’esprit de la nature et du plaisir esthétique que les artistes retrouvent auprès d’elle. A son tour, la nature, grâce à la création des artistes, parvient à nous dévoiler sa grandeur sous toutes les formes.
Les bagages littéraires acquis d’un artiste, l’éducation et l’entraînement qu’il a reçus, l’environnement social où il vit, l’air du temps qui le nourrit, déterminent les sens que le public découvre à travers l’interprétation de ses œuvres créées. Toute personne, si elle pouvait vivre avec l’art et le pratiquait toute sa vie, parviendrait à voir son âme sublimée et à vivre désormais dans un univers spirituel hautement enrichi. Certes, la perception de la mission des artistes diffère d’une personne à l’autre, or rien ne saurait empêcher ou modifier le libre cours qu’un artiste donne à ses pulsions créatrices, ni décroître les valeurs qui sont à la hauteur de la vie que l’artiste a consacrée à la création artistique!
Président de la Global Chinese Arts & Culture Society, chercheur à l’Académie Nationale des Arts de Chine, professeur invité à l’École des Arts de l’Université de Pékin, président d’honneur de Mémoire de l’Avenir. Le professeur Lin Xiang Xiong, artiste, entrepreneur et philanthrope, est un citoyen de Singapour. Né en 1945 dans la province chinoise de Guangdong, il s’est installé à Nanyang en 1956. Il a étudié les Beaux-Arts à l’Académie des Arts de Singapour entre 1965 et 1968 et à Paris entre 1971 et 1973. Il a organisé sept expositions personnelles à Singapour et en Thaïlande (1968-1988). En 1990, 1994 et 2013, il a été invité et soutenu par le ministère de la culture de la République populaire de Chine pour organiser des expositions individuelles à Pékin, Shanghai, Xi’an, Zhengzhou, entre autres villes. En 2015, il a été invité à participer à la « Capitale européenne de la culture Mons 2015 » pour exposer ses peintures au Bois du Cazier. En 2016, en tant qu’exposant principal, il a été le commissaire de l’« Art pour la paix » – Dialogue culturel entre l’Est et l’Ouest sur la plate-forme de l’UNESCO, en France.
Président de la Global Chinese Arts & Culture Society, chercheur à l’Académie Nationale des Arts de Chine, professeur invité à l’École des Arts de l’Université de Pékin, président d’honneur de Mémoire de l’Avenir. Le professeur Lin Xiang Xiong, artiste, entrepreneur et philanthrope, est un citoyen de Singapour. Né en 1945 dans la province chinoise de Guangdong, il s’est installé à Nanyang en 1956. Il a étudié les Beaux-Arts à l’Académie des Arts de Singapour entre 1965 et 1968 et à Paris entre 1971 et 1973. Il a organisé sept expositions personnelles à Singapour et en Thaïlande (1968-1988). En 1990, 1994 et 2013, il a été invité et soutenu par le ministère de la culture de la République populaire de Chine pour organiser des expositions individuelles à Pékin, Shanghai, Xi’an, Zhengzhou, entre autres villes. En 2015, il a été invité à participer à la « Capitale européenne de la culture Mons 2015 » pour exposer ses peintures au Bois du Cazier. En 2016, en tant qu’exposant principal, il a été le commissaire de l’« Art pour la paix » – Dialogue culturel entre l’Est et l’Ouest sur la plate-forme de l’UNESCO, en France.