Lecture numérique : Racines historiques
Certains chercheurs considèrent que les activités de lecture numérique constituent une étape de plus dans la révolution technologique initiée par l’invention de l’imprimerie qui, en accélérant la diffusion d’information et en mettant à mal les distinctions de classe sociale, a été à l’origine de l’émergence du lectorat de masse. Le medium écrit et imprimé a délivré la non-élite, permis l’autonomisation des femmes, détrôné les fonctionnaires érudits, élargi la base démographique du partage d’informations et libéré la puissance des citoyens ordinaires. Dans l’histoire de la Chine, les origines de ce phénomène remontent au VIIIe siècle et à l’invention de l’impression au bloc de bois, suivie par la diffusion progressive de l’imprimerie depuis l’ère des Song jusqu’à la dynastie Ming.1
La lecture et littérature numériques, ayant créé plus de 8 millions d’auteurs et près de 200 millions de lecteurs, en seraient-elles la suite logique ? Ces chiffres sans précédent sont incontestablement d’une importance historique en matière de production et de consommation. Si nous admettons que les chiffres parlent d’eux-mêmes, alors notre seul outil pour mesurer objectivement la « vérité » est le marché financier. Mais est-ce véritablement le cas ? Et devrait-il l’être ?
Il ne fait aucun doute que l’accès est un facteur déterminant dans l’acquisition de pouvoir et de connaissance. En ce qui concerne la disponibilité du lectorat, il y a d’abord eu l’obstacle de l’alphabétisation, auquel a succédé celui de l’accès au monde des lettres qui était restreint, surtout à l’époque où les supports littéraires étaient des blocs de boue, des tiges de bambous ou des compositions manuscrites au pinceau. La question de la culture populaire était un vrai sujet à cette époque car la circulation d’information était assujettie non seulement à une politique autocratique mais aussi à la technologie.
Avec l’avènement de l’imprimerie et sa capacité à copier et reproduire des textes écrits rapidement, le support imprimé a fait son apparition dans les boutiques et commerces des villes et villages, sous forme de feuillets pliés ou reliés. Ça a fait l’effet d’un grand égalisateur ; un instrument socio-politique qui permettait l’autonomisation du public lecteur en ôtant des mains des classes dirigeantes le contrôle autoritaire de l’information. Des recueils de prose satiriques ou informatifs, des nouvelles, des romans dramatiques, des histoires caustiques ou comiques circulaient largement. Les femmes qui pourtant n’étaient pas censées étudier les classiques, pouvait désormais le faire aux côtés d’un frère avec la permission du père ou d’un oncle. Ainsi de nombreux commentaires ont été écrits et publiés par des femmes, même si elles signaient leur travail du nom de leur mari ou de leur frère. L’accès à l’information a permis tout cela.
Si nous en croyons les statistiques, les usages de la littérature en ligne ont désormais fait franchir une nouvelle étape à notre société à travers l’écriture et la lecture numériques. Si les traditionalistes et les conservateurs restent fidèles au format papier, il est évident qu’une page a bien été tournée et ce sans attendre l’approbation ou la participation de tous. Il nous suffit d’observer nos enfants ou petits-enfants pour réaliser que de plus en plus, la lecture se pratique en suivant des lignes sur un écran et que les changements de page se font en glissant le doigt.
Les sociologues nous apprennent que les cercles de lecture réservés aux hommes existaient avant que les femmes ne créent leurs propres clubs de lecture dont l’apparition a directement influencé la création du Groupe Yuewen ainsi que son acquisition par le géant Tencent à la bourse de Hong Kong en 2003. Les historiens en littérature anglaise, française et italienne élaborent une histoire fort semblable au sujet de l’émergence du roman, un genre ayant fait son apparition sur la scène culturelle européenne en réponse à une demande croissante de contenu destiné à occuper le temps libre de la femme éduquée, aisée, urbaine et curieuse. Le livre imprimé et l’œuvre littéraire de fiction sont ainsi venus répondre à la demande du marché et les écrivains, avides de servir et d’être récompensés avec gloire et richesses, s’y sont empressés.
Nous pourrions adopter ce même point de vue lorsque nous considérons les auteurs du marché littéraire numérique. Son caractère ouvertement commercial leur offre une échappatoire fort pratique à la surveillance politique répressive. Le caractère très consensuel de la plupart des contenus, nommés « divertissement culturel », permet ainsi une sorte d’oasis appréciée par les deux parties ; un sursis semi-culturel à ce moment de transition. Le danger subversif d’une force sociale venant menacer l’ordre établit depuis le bas pourrait devenir palpable, pourvu que la menace explicite se déguise en discours divertissant édulcoré au moyen d’intrigues légères au fil d’épisodes d’amour et de haine banals.
Mais que reste-il alors du devoir public et de l’ordre moral dont la littérature et l’information doivent toujours être porteuses ?
L’évolution de la littérature numérique – Une chronologie
Bien que les racines de l’émergence de la littérature numérique chinoise restent en grande partie à débattre, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’un phénomène unique, sans égal dans le monde de la production culturelle et la consommation littéraire. Selon où nous voudrions situer le point de départ de notre chronologie, nous pourrions dater l’irruption de ce phénomène culturel au mois de Mai 2017, au moment de l’entrée en bourse du Groupe Yuewen à Hong Kong, ou bien en Octobre 2003, lorsque les plateformes de lecture numérique on demand ont vu le jour, offrant un premier modèle économique. Si le proverbe socialiste chinois est vrai, et que le marché est le seul indicateur de vérité qui vaille, alors il y a manifestement une vérité à saisir ici.
Deux aspects de la littérature web en Chine sautent aux yeux – l’un porte sur le contenu, l’autre sur l’aspect sociologique. Si nous examinons le contenu, nous ne pouvons nier son enracinement dans la tradition littéraire des genres de l’étrange et du fantastique qui remontent dans l’histoire littéraire de la Chine jusqu’aux dynasties Wei-Jin et Six – notamment avec les célèbres Chroniques de l’Étrange. A cette époque, des contes fantastiques circulent de village en village, brouillant les frontières entre le vraisemblable et l’iréel.2 Des dilettantes de la petite-bourgeoisie gagnent leur vie en composant d’étranges nouvelles destinées au marché grandissant de littérature commerciale qui est apparu à la fin de la dynastie Song et qui s’est développé de manière exponentielle aux XVIe et XVIIe siècles avec la dynastie Ming.
L’ouvrage à succès, Contes extraordinaires du pavillon du loisir, qui nous vient de la province du Shandong, en est l’exemple le plus connu. Ces histoires de jeunes lettrés séduits par des esprits-renards attirent un large public.3 A la fin de l’ère Qing, sous Qianlong, même l’illustre Ji Xiaolan, rédacteur en chef de l’impérial Siku Quanshu et grand intellectuel, se laisse tenter par la composition de quelques contes fantastiques et laisse derrière lui les Notes de la chaumière des observations subtiles.
Même si nous omettions le développement foisonnant des romans d’arts martiaux qui s’est produit entre la fin de la dynastie Qing et le début de la République, le goût très marqué du lectorat chinois pour le genre fantastique reste considérable ; par ailleurs, un gout sur lequel les forces de la modernité n’ont pas eu prise. L’exemple du Roi-Singe dans Pérégrination vers l’ouest de Wu Chengen (1506-1582)4 suffit pour démontrer qu’il existe là un réservoir culturel intarissable, prêt à déborder et à emmener avec lui les publics des contes pour enfants, de l’animation, de la télévision et du cinéma. C’est une littérature qui ne requière d’aucune initiation ou éducation préalables. Il n’est même pas nécessaire d’être (ou de lire le) chinois pour l’apprécier.
Le lectorat féminin, qui a servi de base de marché pour que Shengda Internet Literature rentre en bourse en Juillet 2008, incarne un événement crucial qui a abouti à la création de Yuewen Digital Reading. Pour les historiens de la littérature, c’est une preuve de plus qui confirme que la question du genre a été le facteur déterminant qui a fait entrer la littérature dans la modernité. Pour la littérature européenne du XIXème siècle, c’est le roman qui a rempli cette fonction lorsqu’il a fait irruption sur la scène anglaise, française et italienne.
S’il fallait ajouter une troisième perspective politico-culturelle à la signifiance historique de la littérature numérique dans la scène littéraire de la Chine actuelle, ce serait le caractère libérateur de la technologie d’internet. Il garantit une immédiateté interactive et démocratique dont la progression, dans le contexte de transformation économique que connaît actuellement la Chine, ne peut être contenu par aucun moyen. Il a provoqué une explosion culturelle qui a fait irruption sur le marché et qui se passe de toute autre preuve de légitimité, propulsant lecteurs, auteurs, éditeurs, agents et producteurs dans une bulle coupée du climat politique qui les entoure.
Quand de vieux romans d’amour deviennent viraux
Ceux qui connaissent la culture de la Chine impériale tardive savent qu’avec l’arrivée de l’imprimerie à l’ère Ming au XVIème siècle les formes littéraires préférées de la petite bourgeoisie des villes et villages Song ont connu un succès fulgurant. Ces histoires étaient souvent basées sur la tradition orale qui dans sa forme vernaculaire était étroitement liée à la performance théâtrale et divertissait autant le peuple que la noblesse.
Deux sous-genres représentent au mieux l’essence de cette littérature : il y a d’un côté les histoires d’amour à la Roméo et Juliette dont les exemples les plus représentatifs seraient L’Histoire du pavillon d’Occident, Le Pavillon aux pivoines ou Le rêve dans le pavillon rouge, et de l’autre, les romans épiques d’arts martiaux illustrés par Les Trois royaumes et Au bord de l’eau. Ces deux genres font partie de la littérature sentimentale traditionnelle chinoise. Souvent agrémentées d’éléments fantastiques, ces histoires dévoilent le côté sombre de la bureaucratie étatique, explorent le thème de la quête de justice et de réponses aux revendications sociales. L’admiration qui préexistait en Chine pour la figure du chevalier-errant maîtrisant les arts martiaux s’est très facilement transposée aux nouveaux personnages mythologiques usant d’incantations magiques. Des héros à l’air grave mais au cœur tendre, alliés des démunis, sont ainsi devenus le motif central du roman d’amour et d’arts martiaux, un genre auquel un vaste public reste encore très attaché.
Notre panorama des goûts littéraires en Chine à l’aube de la modernité serait incomplet si nous n’évoquions pas un dernier élément distinctif qui est celui du style séquentiel du chapitrage des récits populaires. La plupart des œuvres citées plus haut comptaient entre 40 et 80 chapitres, et certaines d’entre elles s’étendaient même au-delà de ça. Le public a désormais cultivé un appétit insatiable pour les histoires qui se dévoilent progressivement sur une période étalée dans le temps.
Cet appétit littéraire a été amené à un tout autre niveau dans le Shanghai scintillant et décadent de la fin du XIXème et début du XXème siècle. Entre 1890 et 1920 les revues et journaux publiés en langue vernaculaire tels que le Saturday Weekly ou Good Compassions Pictorial en étaient les principaux éditeurs. Parmi 36 publications de ce genre, toutes sauf une étaient de Shanghai. Il s’agissait de succès populaires et commerciaux, fournissant du divertissement à un prix abordable. L’élite académique et certains intellectuels du 4 mai comme Zhou Zuoren ou Qu Qiubai (1899-1935) ont beau eu critiquer cette production littéraire, ils n’ont jamais eu raison de l’engouement du public.5
Ce goût littéraire a gardé en vie l’ADN d’œuvres au potentiel viral en l’emmenant jusqu’au siècle suivant, celui d’internet, où la société chinoise et l’économie continentale lui ont offert les conditions idéales pour se placer au centre de la littérature populaire.
La création d’une habitude de lecture
Le lectorat chinois, qui compte 1,5 milliards de personnes entre la Chine continentale, Hong Kong et Taïwan, et plus de 60 millions de personnes issus de la diaspora chinoise, a hérité non seulement des univers du roman d’amour et du roman d’arts martiaux mais aussi d’un style narratif fondamentalement séquentiel. Les sujets ont eux aussi tendance à s’appuyer sur des thèmes traditionnels – à savoir les transitions entre les dynasties, les disputes à la cour, les trahisons impériales, les intrigues obscures et les guerres entre factions, auxquelles viennent se mêler médecine traditionnelle, croyances populaires, religion sectaire et intrications bouddhiste et taoïste comme autant d’aspects familiers de la vie chinoise. En ce qui concerne les chinois de Taïwan et Hong Kong, l’après-guerre a vu se développer un marché multimédia en rapide expansion qui s’est déplacé de l’effervescence de l’industrie cinématographique de Shanghai des années vingt et trente, à la télévision des années cinquante et soixante, jusqu’aux jeux vidéo et aux sports en ligne– une évolution que n’a pas connu la littérature en série des pays d’Europe et d’Amérique.
L’on peut se demander si c’est le charme du roman-feuilleton et sa publication régulière dans les revues et journaux modernes qui ont fait la différence. Mais malgré que la littérature moderne d’Europe et d’Amérique ait réussi dans presque tout cela, elle n’a pas connu le même engouement ou succès économique que ceux survenus en Chine. L’on peut se demander pourquoi.
Les habitudes de lectures cultivées à travers la narration par épisodes issue de la tradition littéraire chinoise ont accoutumé le public au déploiement progressif d’histoires au rythme d’épisodes quotidiens. De courtes introductions aguichantes captivant de nouveaux lecteurs et un narrateur s’adressant directement au public, figurent parmi les astuces qui ont été adoptées par les journaux et magazines quotidiens. Le but de cette tradition de la narration sans fin étant de rendre ses auditeurs ou lecteurs « accros », de telle manière qu’il leur faut écouter/lire le prochain épisode s’ils veulent connaître la suite de l’histoire.
Comment pourrions-nous justifier autrement les habitudes de lecture créées par cette forme de narration ? Par un imaginaire social remontant aux contes fantastiques du IIIème siècle qui a porté la consommation et la production de littérature populaire chinoise à travers les récits populaires de la Dynastie Song (960 – 1279), les tragédies de l’ère des Yuan (1279-1368), l’imprimerie, les arts de la scène et le théâtre itinérant des ères Ming (1368 – 1644) et Qing (1644-1911), s’étalant sur une période bien trop longue et dans un espace socio-culturel bien trop vaste pour être, semble-t-il, aujourd’hui révoqué.
Il faudrait explorer d’autres théories afin de comprendre pourquoi des créations littéraires aussi monumentales que Les milles et une nuits ou les romans d’exception du XIXème siècle en Europe – Madame Bovary (1856) en France ou Anna Karenina (1875) et Les Frères Karamazov (1871) en Russie, ou encore Uncle Tom’s Cabin (1851) aux États-Unis – n’ont pas créées d’habitudes similaires en termes de lecture ou d’écriture. Chacun de ces romans a pourtant été publié sous forme de feuilleton dans des journaux et revues de l’ère moderne, bien que leur style narratif ne fût pas épisodique.
La scène culturelle des années vingt et trente à Shanghai a vu des éditeurs de fiction vendre les droits d’adaptation de leurs romans à succès à une industrie cinématographique florissante. Nous devons nous interroger sur les circonstances qui ont favorisé une telle explosion du marché pour les romans sentimentaux et les romans d’arts martiaux au cours de l’après-guerre afin peut-être d’y déceler des indices par rapport à l’ère digitale et au développement de la littérature numérique dans la Chine de l’après-réforme.
Réflexions additionnelles
La littérature numérique a très clairement ouvert de nouveaux chemins d’accès à la lecture et de nouveaux espaces d’apprentissage, à plus forte raison à l’ère du numérique avec le rajeunissement du lectorat. Lesdits « natifs numériques » – une génération d’usagers d’internet, de plus en plus jeune, ayant grandi avec cette technologie – obtiennent information et gratification au moyen de dispositifs électroniques, et ce quasiment depuis leur naissance. Dans cette pratique de la lecture, le facteur décisif n’est peut-être pas la conviction mais simplement la facilité et la familiarité amenées par les technologies d’internet et le marché du numérique. Souvent accusés d’activité extracurriculaire sans intérêt et de gouffre non-éducatif, ces moyens électroniques constituent pourtant la première source d’information pour la jeunesse chinoise du monde entier. Que cette pratique soit approuvée par la société ou non, des centaines de millions de lecteurs chinois puisent leurs lectures dans le numérique. Les chiffres et le temps d’écran ne cessent d’augmenter – un phénomène rendu d’autant plus visible avec le confinement mondial imposé par la pandémie en 2020 et 2021.
L’analyse et l’étude structurée de la littérature numérique virale démontre cependant que le roman d’amour, les histoires épiques d’arts martiaux et les contes de fées continuent de captiver l’attention du public aussi bien dans le monde de l’animation, de la télévision et du cinéma que dans celui de la littérature. La vieille habitude de suivre un récit épisode par épisode, si profondément ancrée, contribue très fortement au modèle de ce nouveau phénomène. Cela nous offre un regard potentiellement alternatif sur les croyances alimentées par la justice poétique. Son développement mérite qu’on prête une attention toute particulière aux enjeux cognitifs présentés par les objets connectés qui, pour le meilleur ou pour le pire, sont les nouveaux acteurs de l’apprentissage.
Références
1 Licille Jia and Hilde De Weerdt, eds., Knowledge and Text Production in an Age of Print: China, 900-1400 (Brill, 2010); Cynthia Brokaw and Christopher A. Reed, eds., From Woodblocks to the Internet: Chinese Publishing and Print Culture in Transition, Circa 1800 to 2008 (Brill, 2010).
2 Voir Xiaofei Tian, “From the Eastern Jin through the early Tang (317-649)” dans Kang-I Sun Kang and Stephen Owen, eds., The Cambridge History of Chinese Literature Volume 1 (Yale University Press, 2010), pp. 199-285; Robert F. Campany, Strange Writing: Anomaly Accounts in Early Medieval China (State University of New York Press, 1995); Mu-chou Poo, Ghosts and Religious Life in Ancient China (Cambridge University Press, 2021).
3 Judith Zeitlin, Historian of the Strange: Pu Songling and the Chinese Classical Tale (Stanford University Press, 1993). Traduit à l’anglais par John Minford, Strange Tales from a Chinese Studio (Penguin, 2006).
4 Traduit à l’anglais par Anthony Yu, The Journey to the West, 4 vols. (University of Chicago Press, 1983, 2012)
5 Pour un rapport sur la fiction modern en Chine voir: Chih-tsing Hsia, A History of Modern Chinese Fiction (Yale University Press, 1961; 3rd ed., Chinese University Press, 2016).
Hsiung Ping-Chen est Secrétaire Générale du Conseil international de la Philosophie et des Sciences Humaines (CIPSH). Elle est titulaire de la Chaire CIPSH en “Nouvelles Humanités”, Université de Californie, Irvine.
Hsiung Ping-Chen est Secrétaire Générale du Conseil international de la Philosophie et des Sciences Humaines (CIPSH). Elle est titulaire de la Chaire CIPSH en “Nouvelles Humanités”, Université de Californie, Irvine.